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XI - Discussion

En route vers le changement de paradigme ?

Contribution au Colloque de l'Association "Etre Humain"

présentée par Jean-François Houssais, biologiste

Directeur de Recherche au CNRS

<< Les trois niveaux de la conscience >>, le livre de Jean-François Houssais (Trédaniel 2015)

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Ci-dessous, voici la retranscription d'une conférence que Jean-François Houssais a donné le 21 mai 2012 et dans laquelle il introduit de manière très adroite la notion d'Esprit:

Association « Etre Humain »: Les Etats Modifiés de Conscience

APPROCHE SCIENTIFIQUE ELARGIE SUR L’ORIGINE ET LA NATURE DE LA CONSCIENCE

Nous venons de voir dans les précédentes interventions, les grands questionnements philosophiques et religieux sous-tendus par l’étude phénoménologique et expérimentale des Etats Modifiés de la Conscience, au regard de notre Nature Humaine. Mais il y a aussi en échos, les grands questionnements scientifiques des Neurosciences touchant à la Neurobiologie de la Conscience. Et les conclusions de ces deux approches semblent apparemment parfois bien différentes voire irréductibles. La question abordée ici sera donc de chercher s’il est possible d’unifier conceptuellement ces voies d’étude distinctes, dans une représentation commune élargie au niveau des concepts, minimale dans sa formulation, mais avec une insertion dans le contexte scientifique qui demeurerait préservée. Une telle synthèse pourrait par l’ouverture qu’elle apporterait, se révéler dynamisante en terme de thématiques scientifiques et coordination des recherches.

Au long de ces derniers siècles, principalement dans la pensée occidentale (la plus      analytique), deux représentations distinctes continuent à s’exprimer en ce qui concerne        l’origine et la nature de la Conscience, selon une apparente logique binaire   (rationnelle/irrationnelle) d’exclusion.

Nous avons ainsi :

·         Le matérialisme scientifique strict , selon lequel la Conscience et toutes les propriétés qui lui sont rattachées : aptitude cognitive à connaître, le soi, le non soi, l'esprit, la mémoire, les émotions et le ressenti des sentiments , mais aussi sa part subconsciente d'importance considérable (plus de 95% de la conscience) résultent exclusivement de l'organisation fonctionnelle spatio-temporelle des cellules du cerveau principalement neuronales (environ 100 milliards) et des millions de milliards de leurs connections. La Conscience a ainsi émergé durant les quelques dernières 500 millions d’années de l'évolution biologique, conséquemment à la mise en place des structures fonctionnelles du cerveau (le proreptilien (contrôlant les fonctions vitales), le paléomammifère avec le système limbique (contrôlant les comportements), enfin le néocortex (pour les fonction sensorielles et cognitives supérieures).  Pour reprendre un terme utilisé par les  tenants de cette thèse : cette représentation « naturalise » l'Homme. Elle se dit « moniste » fustigeant « l'erreur » de Descartes. Une seule substance en cause : la matière. Les analyses et les interprétations des Neurosciences sont principalement fondées sur ce point de vue.

·         Le spiritualisme, selon lequel le corps matériel n'est qu'une enveloppe, un véhicule habité par une essence de nature supérieure, intemporelle i.e. immortelle, dotée d'une intelligence fusionnelle infinie qualifiée Ame, Esprit et dont la Source est divine. Cette représentation est dualiste, reconnaissant deux substances : l'une matérielle, l'autre divine. Les religions puisent leurs inspirations du spiritualisme ; en philosophie, l'ontologie fonde ses réflexions sur le concept impersonnel de « l'Etre ».

Une telle antinomie ne serait-elle qu’apparente . Le véritable enjeu en terme d’acquisition de connaissance,  ne serait-il pas de bien déterminer les complémentarités

En effet opposer ces deux points de vue, les rendre irréductibles, conduit à de faux problèmes qui n’apportent aucun progrès en terme de connaissance de la réalité sous-jacente à la conscience de l’Etre Humain.

Comme en Physique , tout dépend sans doute de la position cognitive de l’observateur :

- A un niveau d'abstraction très élevée, il n'y a, selon une approche ontologique, qu'une seule « Substance » l'Energie et l'Intelligence qui constitue « l'Etre », qui construit (« manifeste » pour notre perception) tout ce que nous appelons « Réalité », la Matière étant elle-même une part de cette Energie primordiale.

- A un niveau d'abstraction plus restreint, nous nous situons près des processus de la manifestation. Il y a alors différenciation apparente (selon notre compréhension humaine) en divers aspects conduisant par leurs qualités et propriétés à distinguer au plus élémentaire dans notre univers (scientifiquement) observable, plusieurs niveaux d'expression probablement en interaction, et si nous descendons à la dernière marche,  à n'en reconnaître que la facette matérielle.

- Toujours en référence à la Physique théorique, une autre complexité  apparaîtrait également puisque l’observateur par son observation modifie l’objet observé.

- Ajoutons enfin une difficulté supplémentaire, sachant que «  l’Homme conscient s’interrogeant sur la Conscience » constitue un système dans lequel l’observateur (le connaissant) et l’observé (le connaissable)  sont originels d’une seule et même substance primordiale, et que la pensée du connaissant est conditionnée aussi par la nature de l’observé. L’objectivité  pourrait ainsi à un certain niveau de perception être un leurre dans une réflexion en boucle.

Cet exposé qui se voudrait syncrétique se propose dès lors deux objectifs  1- analyser les avancées actuelles des Neurosciences, pour en reconnaître l’importance des apports, et pour en situer les limites, 2-   tenter de développer dans une pensée plus globale, une approche modélisatrice minimale  de la nature et origine de la conscience, pouvant conduire à une synthèse des deux conceptions antinomiques matérialiste et spiritualiste.

I - Les Données Scientifiques

 La Neurobiologie de la Conscience est l’un des domaines essentiels de recherche en Neurosciences 

 

Les bases expérimentales du modèle neurobiologiques de la conscience s’appuient sur plusieurs méthodologies complémentaires  1- études anatomo-fonctionnelles concernant la mise en place du système nerveux et des structures cérébrales au cours de l'évolution et du développement 2-  méthode expérimentale dite des lésions spécifiquement induites et études des déficits fonctionnels correspondants 3- analyse fonctionnelle clinico-expérimentale et chirurgicale chez l'Homme dont certaines aires cérébrales ont été lésées (pathologie vasculaire, cellulaire, traumatique) 4- enfin méthodes non invasives associant activité électrique, imagerie fonctionnelle en regard de diverses tâches cognitives et analyse des réseaux neuronaux impliqués. En l’état actuel de la méthodologie des Neurosciences, seul l’aspect matériel des mécanismes en jeu dans le cerveau est pris en compte. On notera incidemment que ces études ont bien mis en évidence l'extrême importance hors le cortex (structure récente) des zones sous corticales tel l'insula, l'hippocampe  des noyaux du cerveau limbique dont l’amygdale et autres structures et du tronc cérébral, dans l’apparition du soi, dans la gestion des fonctions vitales, dans le contrôle des comportements et de l’expression des personnalités.

Description du modèle de la Conscience en  Neurosciences

De nombreux et éminents neuroscientifiques se sont efforcés de modéliser les résultats scientifiques du domaine en cohérence avec les fonctionnalités de la Conscience. On s’appuiera principalement dans cette brève description, sur un modèle neurobiologique qui contient des informations de grand intérêt sur l’émergence de la Conscience, et qui sur un plan général fait consensus en Neurobiologie en attribuant au cerveau matériel l’origine exclusive de la Conscience.

Les bases générales du modèle des neurosciences prend appui sur 4 points :

1- Tout d’abord l'élément moteur le plus ancien et toujours actif  « l'homéostasie » processus dynamique qui est de gérer, préserver, ajuster et réguler la cellule ou l'organisme aux fins de survie de toute créature vivante. Cette force motrice est en action bien avant l'apparition du système nerveux. Le modèle parle de « gestion de la valeur biologique ».

2- La second point souligne l’importance chez les métazoaires de la différenciation cellulaire neuronale avec tout d’abord des connections nerveuse relativement simples ( on peut citer les 302 neurones et les 7000 synapses du vers nématode C. Elegans). Puis la structuration se complexifie au cours de l’évolution, avec émergence de nouvelles structures du système nerveux et des capacités fonctionnelles identifiables chez les insectes, les poissons, les reptiles, les oiseaux les mammifères dont les primates, et au summum l’extraordinaire développement du cortex pré-frontal dans l’espèce humaine sapiens sapiens. Le point important souligné par le modèle est que peu à peu les organismes vont développer très tôt une forme précoce de sensibilité régulant les processus biologiques /physiologiques internes et les comportements externes en réponse aux conditions environnementales.

3- Le troisième point souligne l’importance des « images », intégration des signaux de régulation de cette sensibilité précoce (sensorielle, viscérale etc..) qui vont peu à peu s'organiser par un mécanisme dit de « cartographie » au niveau du cerveau, donnant peu à peu des cartes approximatives puis raffinées . Ce processus de mise en oeuvre cartographique reposerait sur la structuration spatiale des neurones et les projections spatiales des fibres neuronales, comme une « grille » avec des relations géométriques et des communications axonales longues au niveau de différents « espaces de travail » interconnectés entre cortex et structures neuronales des  noyaux à la base du cerveau.

4- Enfin le quatrième point réfère au « stockage et mise en mémoire » de toutes les informations dans le cerveau. Mais selon certains calculs la quantité d'images serait telle, que le cerveau n'aurait pas la capacité matérielle du stockage. Le processus de mémoire comporte en effet acquisition des données, enregistrement et remémoration. Le modèle distingue donc deux espaces de travail dans le cerveau : - un espace dit « des dispositions » sorte d'informations codées sous forme restreinte – un espace de reconstitutions mémorielle permettant au cerveau à partir de ces formules codées de rejouer et recréer approximativement les cartes sensorielles initiales. C'est le processus de remémoration. Le processus des dispositions est le plus ancien. Ce serait une sorte de réserve de programmes basiques de « savoir-faire » qui permettraient, sans conscience élaborée, de faire face au développement de l'organisme et au défi de l'environnement.

C’est l’intégration de ces éléments de base qui va induire selon le modèle des Neurosciences l’émergence de la Conscience

a- Une fonctionnalité appelée « esprit » va peu à peu émerger au cours des centaines de millions d'années d’évolution, à partir de l'activité cartographique du cerveau et de la production d'images , qui vont donner une représentation des événements du corps et du monde extérieur.  La fabrication des images et donc le développement initial de l’esprit apparaît tôt dans les structures anciennes du tronc cérébral supérieur et postérieur, puis dans les noyaux du système limbique, enfin dans l'insula et les cortex sensoriels . Le processus est ensuite amplifié par les neurones d’association du cortex.

b- Les Emotions apparues progressivement seraient des programmes complexes, en partie automatisés d'action élaborés lors de l'évolution. Les émotions se déclenchent lorsque les images traitées par le cerveau activent certaines régions (amygdale, lobe frontal, par exemple activation du  lobe pré-frontal ventro-médian dans l’état de compassion ). Mais la principale région impliquée est le cortex insulaire, qui en interaction avec d’autres structures du cerveau engendrent des sentiments corporels et sentiments primordiaux.

c- Il y aurait ainsi une émergence très précoce d’un « protosoi » sorte de témoin révélant à ses débuts confusément les premiers événements implicites appelés « mentaux ». Sa base est un type d'images mentales du corps produites dans des structures neuronales de cartographie corporelle.

c- La construction du « Soi » serait bâti par étape à partir du protosoi. Le Soi s'appuierait sur le dit esprit lui-même appuyé sur les images, devenant ainsi « conscient ». Le Soi procède des sentiments primordiaux et des sentiments élémentaires d'existence. Il est aussi en relation avec l'action et le sentiment de « savoir » et de « contrôle ».

d- Au plus haut émergerait enfin avec le développement des structures neuronales corticales, le Soi autobiographique Selon le modèle (citation) « il se définit en terme biographique qui vont du passé aux anticipations de l'avenir. Il forme le Moi social et le Moi spirituel. Il introduit dans notre esprit une instance connaissante. Il s'appuie sur des aptitudes encore plus grandes (mémoire, raisonnement, langage et donc avec émergence de nouveaux modes d'homéostasie au niveau de la culture et de la société ». Ce Soi autobiographique résulterait selon le modèle d'un processus de coordination dans tout le cerveau : noyaux du thalamus, et régions de convergence/divergence (RCD) du cortex

La Conscience dans ce modèle des Neurosciences  serait donc un état qui embrasse tous les éléments fondateurs élaborés à partir de l'esprit (images), enrichi par le développement des sentiments à partir des sentiments primordiaux atteignant au plus haut le Soi autobiographique  et ses expressions. L’ensemble, sous-tendu par la complexité structurale du cerveau (certains parlent de la structure la plus complexe de l’univers) conduirait à l’émergence d’une nouvelle fonctionnalité la Conscience. Selon le modèle : «  Le cerveau construit la conscience en engendrant le processus du soi au sein de l'esprit quand il se trouve à l'état de veille »

 

II -Les limites qui peuvent  être attribuées au modèle Neurobiologique de la Conscience

Soulignons d’abord les acquis considérables des Neurosciences dans l’élucidation des mécanismes en jeu au niveau du cerveau dans l’expression de la Conscience, que ce soit dans les fonctions biologiques de base, dans le traitement des affects, dans le contrôle des comportements, jusqu’aux processus sensoriels et cognitifs les plus élaborés. Les données de l’évolution du cerveau sont aussi riche d’enseignement sur notre « devenu » et notre « devenir ».

Il convient cependant de souligner en l’état, certaines limites de ce modèle qui demeure une tentative d’extrapolation des données expérimentales.

1-Un premier point étonne tout d’abord : c’est l’affirmation par la Neurobiologie que la Conscience n’est que la « fabrication » du cerveau matériel et que le cerveau est son unique origine. On fera remarquer qu’en l’état , aucune preuve scientifique positive de cette assertion n’a jamais été apportée.. Peut-être serait-il souhaitable d’ailleurs, eu égard à l’importance du domaine (La Conscience), qu’il soit fait usage plus souvent dans les interprétations, de l’expression scientifique classique : « Tout se passerait comme si .. ».

2- On a vu aussi que le modèle accordait une place très importante à l’activité cartographique du cerveau, support à la formation des « images » et essentiel dans le modèle pour expliquer  la base de l’émergence de ce qui est nommé « l’esprit ». Mais le modèle stipule aussi que cette activité cartographique ne peut être mise en évidence et ne peut être constatée que par le sujet lui-même. Ce qui place cette hypothèse essentielle à la limite du champ scientifique.

3- La mémoire et donc le stockage des informations et leur remémoration demeure encore peu compris, non pas tant au niveau des structures anatomique concernées qui sont connues, mais au niveau des mécanismes en jeu.  

4- Le modèle n’intègre pas ou mal les états modifiés de conscience dont la dissociation de l’état conscient et du corps physique, parfois considérés comme des aberrations, des « anomalies », des états pathologiques. Citons comme autre exemple de non prise en compte,  le peu de recherches scientifiques approfondies sur l’hypnose (dont les mécanismes véritables demeurent encore inconnus) étant donné apparemment l’absence de véritable soutien budgétaire pour ce type de recherche.   

5- Le modèle, certes apporte des informations de grand intérêt sur les localisations anatomiques, les liens entre les régions du cerveau ; il décrit aussi certaines organisations spatiales des neurones (en couche, bidimensionnelle, en grappe etc ..) ;  il identifie les réseaux des projections neuronales, mais il n'établit pas les mécanismes qui au niveau cellulaire transforment les signaux cellulaires et chimiques ,  en ressenti conscient, le ressenti des sentiments, i.e. le corollaire mental .

6- Le modèle apparaît fondé sur l'hypothèse du monde matériel comme seul existant  Or la Physique des particules et de l'Univers montrent dans une démonstration de plus en plus certaine (même s’il faut attendre encore d’autres recherches et d’autres développements théoriques), que dans notre Univers observable, cette part accessible à l’exploration scientifique, la matière dite matière ordinaire, celle dont nous sommes faits et  toutes nos galaxies, i.e. celle à laquelle fait référence le modèle matérialiste des Neurosciences, compterait dans le total pour environ et seulement 5%.

7- Considérer enfin que la Conscience émerge de la convergence de l’ensemble des éléments  décrits dans le modèle (cartographie, images, esprit, ressenti, soi, mémoire etc) et résulte exclusivement du fonctionnement intégré du cerveau, semble une conclusion  bien générale.

  

III- Dès lors, est-il possible d’élaborer une  Représentation plus générale, plus élargie  qui puisse aussi être  un cadre référentiel pour la réflexion.

La démarche est en elle-même dès l’abord rendue difficile du seul fait que nombre de réflexions très approfondies et très érudites ont déjà analysé les questions liées à la nature et l’origine de la Conscience. Et il est bien évident que sur un tel sujet, il soit bien hardi, même imprudent, de chercher à progresser plus avant. Et tout ce qui va être exposé maintenant est sans doute l’expression d’hypothèses, voire pour certains un exercice d’imagination créative.

Un Modèle plus  élargi,  devrait répondre à des critères précis : - avoir des bases qui s’appuient  sur un très petit nombre d’idées fondamentales - permettre d’inclure toutes les avancées expérimentales des Neurosciences– dépasser les limites heuristiques que s’impose le modèle strictement matérialiste des Neurosciences – inclure toutes les fonctionnalités extériorisées des EMC et de la Psyché humaine – être un socle référentiel à la fois pour les recherches scientifiques et les recherches philosophiques et personnelles.

 

Le modèle proposé ici repose sur deux idées  :

1-      Un postulat :  l’existence d’un « Principe Actif »

Cette dénomination neutre créée ici, reprend une expression de l’ancienne Chimie. On y ajoute certes des majuscules, mais aussi un sens très élargi allant sans doute bien au-delà des notions inhérentes à notre Univers scientifiquement observable. La nature de ce Principe Actif (à l’évidence Ontologique) est d’Etre i.e. pour des raisons non explicitable dans le postulat, de se manifester comme un  Principe d’existence au sein des Univers créés, - en exprimant un état de Conscience à des degrés divers en fonction des structures fonctionnelles disponibles, - en induisant la formation évolutionnaire de structures adéquates matérielles ou autres favorables à la manifestation de sa Conscience, reflet de sa Nature ,en  puisant pour ce faire dans la grande source mémorielle infinie de réalisations  des Causes/Effets dans les Univers.

Plusieurs commentaires peuvent être fait à propos de ce dit « Principe Actif » :

a-      le postulat étant par définition non démontrable par la Science, il apparaît donc invisible en sciences expérimentales et ne s’oppose en rien aux développements scientifiques actuels en Neurosciences conduits dans un cadre conceptuel plus restreint.

b-      La dénomination de « Principe Actif » est suffisamment neutre pour ne pas scientifiquement vouloir introduire quelque idée de déité

c-      En revanche cette dénomination large permet assurément à chacun s’il en éprouve l’inspiration de lui donner tout le contenu religieux ou philosophique qu’il souhaite, voire à lui reconnaître intrinsèquement deux polarités contrastées, dont l’une peut-être compassionnelle et d’harmonie universelle,  sans que cela ne déborde sur l’activité scientifique elle-même.

d-     Le postulat n’exprime aucune finalité. Hors la propriété d’Etre liée à sa Nature, le Principe Actif, n’a aucune finalité quant aux moyens mis en œuvre, ni d’ailleurs apparemment aucun « état d’âme » quant aux conséquences de ses processus créatifs pour les individualités biologiques . Sa nature d’Etre, abandonne, donc élimine tous les « moins Etre » de certaines de ses manifestations matérielles. Nos interprétations humaines limitées n’ont probablement aucun sens et donc pas d’existence au niveau de cette polarité active du Principe Actif. Tout ce qui peut Etre, Est. C’est peut-être le fondement du dit « hasard ». Et les mécanismes en jeu qui s’expriment dans ce que nous dénommons l’évolution, apparaissent fondée sur la survie de la  structure momentanément la plus adaptée, que ce soit au niveau moléculaire, cellulaire ou des organismes. Et ces mécanismes implacables qui se sont exercés depuis plus d’un milliard d’années d’évolution en Biologie, sont encore bien évidemment en oeuvre.

2-      Le concept « d’interface »

C’est la seconde idée fondatrice de ce modèle. Le cerveau biologique (dans l’espèce humaine, mais aussi dans le règne animal) serait une interface façonnée par l’évolution sous la pression du Principe Actif, exprimant des manifestations d’expressions conscientes progressivement plus élaborées telles qu’elles apparaissent selon les niveaux de l’évolution biologique. Cette interface matérielle (le cerveau) permettrait ainsi la manifestation émergente de la Conscience du Principe Actif global et individualisé, dans ce compartiment correspondant à l’énergie matérielle de notre monde Univers, dont on a vu qu’elle ne représentait qu’environ 5%  du total.

Plusieurs lignes de réflexion peuvent être appliquée à ce concept d’interface :

1- Selon ce concept, tous les mécanismes complexes des fonctions du cerveau , à tous leur niveau d’intégration , décrits par les Neurosciences, seraient l’expression fonctionnelle de l’interface cerveau, tant au niveau de l’organisme et de l’environnement matériel et culturel, mais aussi avec les niveaux énergétiques supérieurs de l’univers observable.

2- On pourrait aussi inférer en probabilité que notre interface matérielle ne serait pas nécessairement la seule dans notre Univers observable, le dit Principe Actif ayant également (par hypothèse) façonné d’autres interfaces pour son expression consciente à ces autres niveaux d’énergie (actuellement, en l’état des recherche, les principaux candidats seraient la matière sombre 35%, l’énergie sombre 60%). Si on voulait adresser plus avant cette hypothèse, on pourrait envisager que les expressions fonctionnelles de la conscience de l’Etre humain soit en partie conditionnées par les interactions entre ces deux plus proches interfaces : celle liée au compartiment de la Matière ordinaire (le cerveau) et celle liée à la  Matière dite sombre. Ce point encore largement hypothétique est hors du modèle des Neurosciences, mais il peut être proposé dans ce modèle.

3- A la différence du Principe Actif  qui demeure hors de l’atteinte de la recherche scientifique, les interfaces sont définies, tel le cerveau matériel, comme des structures fonctionnelles constituées des composantes de l’Univers Observable. Ceci signifie que ces interfaces  postulées qui permettraient l’expression des différents niveaux de la Conscience, demeurent potentiellement dans le champ scientifique, le point important demeurant cependant d’en définir les méthodes expérimentales d’investigation.

4- Le concept d’interface pourrait aussi apporter de nouveaux éclairages sur différents aspects de l’expression de la Conscience qui sont  difficilement explicables dans le modèle des Neurosciences. Nous en mentionnerons quatre :

- l’archivage des données et la mémoire. Le problème posé par le stockage des informations dans le cerveau pourrait trouver une autre ouverture interprétative, puisque d’autres structures de notre univers observable, plus pérennes que notre cerveau matériel, pourraient en être dépositaires. Le cerveau interviendrait principalement dans les processus de filtrage, de transduction des signaux et de rémémoration.  La notion « d’inconscient » pourrait alors être réexaminée au regard d’un cerveau en interface avec les données temporelles archivées dans une structure matérielle autre que notre matière ordinaire.

- Les bases de la décision volontaire. Les Neurosciences montrent que les décisions volontaires  que nous prenons donc consciemment, ne sont en fait qu’un écho de la décision réelle prise quelques millisecondes plus tôt dans notre subconscient. Semblable observation jette une ombre sur ce à quoi nous tenons tant : notre libre arbitre. Tout se passerait comme si le Principe Actif exprimerait sa propriété d’Etre (sa conscience exprimée) au niveau du subconscient humain, en attente d’une plus grande fonctionnalité de l’interface cerveau. L’émergence de la pleine conscience dans l’espèce humaine pourrait donc être à ses débuts en terme de temps évolutif.

- Les états de conscience modifiée et leurs propriétés : action à distance, communication entre psyché humaine, action en relation avec le temps, séparation partielle de la conscience et du corps physique, phase transcendante des Etats Mort Imminente,ou Hors Corps, seraient plus facilement intégrés en considérant la propriété d’interface élargie du cerveau .

- Enfin la distinction sémantique entre Personnalité et Individualité , trouverait semble-t-il dans ce modèle élargi, un nouvel éclairage :

- la personnalité est la forme exprimée de l’Etre Humain dans notre environnement matériel, qui résulte de l’activité de notre cerveau et de ses réglages issus des déterminants génétiques, du développement biologique, des activations fonctionnelles des structures corticales et sous-corticales, de l’impact de l’environnement et de ses aléas, des conditionnements éducatifs ou autres et des communications culturelles et sociales. Tous ces réglages font chaque personnalité unique et évolutive. Cette expression unique de la personnalité est temporaire et disparaît avec la mort de l’organe qui le sous-tend le cerveau. Le modèle élargi pourrait proposer la persistance des informations concernant la personnalité, dans des structures mémorielles plus pérennes de notre univers observable.

l’individualité serait la forme substantielle de l’Etre Humain  en étant une part individualisée du Principe Actif. Elle serait une manifestation permanente de la propriété d’Etre de l’Etre humain. Elle porterait donc en expression d’elle-même une conscience individualisée beaucoup plus étendue que l’expression de la conscience dans le monde matériel ordinaire. La conscience de cette individualité  pourrait être perçue  lors de certains états modifiés de conscience ( phase transcendante des Etats Hors Corps, et états méditatifs profonds par exemple ).

 

IV- En conclusion

Allant au-delà de l’antinomie Matérialisme/Spiritualisme, la représentation proposée ici, (bien qu’aussi hypothétique que le modèle « tout cerveau » des neurosciences) pourrait ouvrir dans un contexte de synthèse, une clarification des voies d’études de la nature et origine de la Conscience :

 - du point de vue de l’Objet 

en élargissant le champ des recherches vers des voies novatrices, unifiant les complémentarités des approches scientifiques, associant physiciens et neuroscientifiques pour aborder l’étude des mécanismes en jeu au niveau de l’interface de l’expression de la conscience, entre la matière ordinaire et d’éventuelles autres structures dans notre univers observable

en unifiant les recherches centrées d’une part sur le cerveau et d’autre par sur la psyché humaine

- du point de vue du Sujet

en soulignant l’importance fonctionnelle interfaciale du cerveau comme principal outil d’investigation de plus grandes « réalités » au-delà de l’environnement matériel, tant sur un plan personnel ( états méditatifs profonds, états de conscience modifiée) mais aussi sur un plan pluridisciplinaire dans un environnement scientifique adéquat.

On rappellera enfin ce point prospectif sur les enjeux: les progrès scientifiques concernant notre compréhension de la Conscience et de la Psyché humaine, représenteront à coup sur, l’avancée fondamentale majeure dans notre siècle. Ce qui importe c’est l’élargissement du champ des hypothèses et le développement des connaissances fondamentales qui par une meilleure compréhension de la Conscience,  conduira l’Homme à approcher ce « Ce Qui Est » dont il est une part active et créative.