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Un mécaniste pur et dur (suite)

Entretien avec un mécaniste pur et dur (suite)

Le thème:

Sa réponse à l'affirmation suivante:

"L'authenticité de notre libre arbitre : notre liberté n'est pas une illusion, nous faisons réellement des choix dans nos vies qui ne dépendent pas que du passé".

Le titre:

LIBRE ARBITRE ou DETERMINISME ? (suite)

Alessandro Pendessini:

Monsieur Guillemant, votre réponse m’a laissé doublement perplexe :

1° L’épithète de « mécaniste pur et dur » que vous m’adressez ne me ressemble pas ; j’aurais préféré : «conversation avec une personne ignorante et… consciente de l’être»!

Mes réponses en italiques:

PG: C'est tout à votre honneur, mais je maintiens "mécaniste pur et dur", car même si c'est un peu appuyé (1) ce n'est pas péjoratif (notre illustre Stephen Hawking en est un), (2) cela ne dispense pas de qualités humaines et notamment de cette modestie, et (3) cela me permet de mettre en valeur mes idées en mettant en valeur les vôtres, que je respecte. Prenez le donc comme une "place d'honneur", car je ne peux pas répondre à tous les mécanistes et je vous ai choisi comme digne représentant.

AP: Christian De Duve (et pas seulement) nous a assez répété que « savoir ce que nous ne savons pas est déjà un gage de vérité »….

PG: Savoir que nous ne savons pas est essentiel pour évoluer, cela donne un sens à la vie: apprendre.

AP: 2° Je suppose que vous serez d’accord sur le fait qu'une théorie, aussi belle soit-elle, n’a de vraie valeur que si elle supporte la confrontation avec l’observation. « La science est l’imagination au service de la vérité vérifiable » (G.M.Edelman) En d’autres mots, la connaissance scientifique n’a pas besoin de justification mais de validation et de démonstration ! D’une manière plus générale, d’évaluer les propositions et les théories selon le degré de justification rationnelle dont elles jouissent à la lumière des preuves actuellement disponibles.

PG: Oui bien sur que je suis d'accord, et je vous réitère que la mécanique quantique est à ce jour la théorie la mieux vérifiée par l'expérience.

AP: Question : votre théorie de la double causalité, par qui (autre que vous) a-t-elle été vérifiée et validée ?

PG: Je vous rappelle tout d'abord que la TDC est une théorie métaphysique, car elle est fondée sur un présupposé métaphysique: le libre arbitre. Elle est néanmoins la seule théorie à ce jour qui permet d'expliquer rationnellement (ce présupposé "ésotérique" étant admis comme hypothèse) le phénomène des synchronicités, mais aussi d'autres phénomènes habituellement rangés dans le domaine du paranormal, comme la prémonition par exemple. Je citerai enfin un troisième phénomène, celui des E.M.I., qui confirme tous les fondamentaux de la TDC. Or ces trois phénomènes que je viens de citer sont avérés par toute l'expérience humaine, et non simplement la mienne. De plus, le premier phénomène a fait l'objet de nombreux écrits de la part du fameux couple Jung & Pauli (prix Nobel), et les deux autres phénomènes font régulièrement l'objet de communications scientifiques ou publications internationales à comité de lecture.

Cette capacité de la TDC à expliquer ce que la science marginalise (faute d'explication) est la raison pour laquelle je crois au libre arbitre, ceci n'étant d'ailleurs plus incompatible avec la science, en vertu de l'indéterminisme de la nature constaté en mécanique quantique mais aussi en théorie du chaos et des systèmes dynamiques dissipatifs.

AP: En ce qui concerne votre remarque « Ne faites surtout pas cette déclaration aux physiciens qui depuis presque un siècle s'évertuent à unifier la mécanique quantique et la relativité générale pour trouver une théorie unificatrice permettant enfin d'attribuer les mêmes lois à ces deux mondes. » je la trouve plutôt curieuse... Ce que tentent de faire aujourd’hui certains théoriciens, c’est de construire une "super théorie" pouvant unifier la gravité et la mécanique quantique afin d’obtenir un seul pilier pour toute la physique, de l’infiniment petit à l’infiniment grand. A ce jour, à ma connaissance, ces deux théories contemporaines ne sont pas compatibles ; les physiciens essaient de les marier sans y parvenir ! les deux théories régissent des phénomènes de l’Univers qui sont à priori différents. Pour décrire les systèmes physiques on fait appel -dans 99% des cas- soit à l’une soit à l’autre. On ne mélange pas les deux ; Interpréter de travers les relations d’incertitude, notamment en se servant à tort dans le domaine macroscopique, peut se révéler néfaste !

PG: Je vous rappelle qu'il existe une théorie qui les rend compatibles: la théorie des cordes. Le fait qu'elle ne soit pas encore vérifiée n'implique pas qu'elle soit fausse, sinon expliquez moi pourquoi notre illustre mécaniste pur et dur Stephen Hawking la présente lui-même comme crédible ? En ce qui concerne les relations d'incertitude, c'est vous-mêmes qui les interprétez en concédant que d'après les connaissances actuelles, la nature n'est pas déterministe (principe d'incertitude...)

AP: Le monde ne peut pas être incohérent au point d’être décrit par deux théories incompatibles. Il faut, d’une façon ou d’une autre, pouvoir les réconcilier. Cette mission est le problème central de la « gravitation quantique ». Mais -peut-être- l’avez-vous résolus ?

PG: Désolé, mais bien qu'il soit inévitable pour moi de donner l'impression d'avoir un ego surdimensionné, je ne crois pas que cela atteigne ce point là...

AP: NB : Einstein disait «Toute connaissance de la réalité commence dans l’expérience et finit en elle »…..j’ajoute que le réel n’est pas tel que la théorie le décrit, « Description » n’est pas « Essence ».

PG: On est d'accord.

AP: Permettez-moi de revenir un peu sur terre, et vous faire remarquer que le cerveau ne travaille pas sur les données du monde, mais des variables biochimiques ou neuronales qui signalent ce qui est important dans le monde, des variables intermédiaires. Mais aussi que chaque être « voit » du monde ce que l’organisation de son cerveau lui permet de percevoir et rien d’autre !

PG: Si les données sur lesquelles travaillent notre cerveau ne sont pas dans notre monde (4D?), où sont-elles ? Dans les dimensions supplémentaires ? certaines données peut-être (à mon sens surement), mais quand-même pas les variables biochimiques, qui me semblent très mécaniques. On dirait que vous commencez à rejoindre mes positions.

AP: A propos, vous n’avez exprimé aucun avis sur mes précédentes remarques...

PG: J'y ai répondu globalement en vous disant, je me répète: toutes les judicieuses remarques que vous listez tombent à l'eau car elles sont toutes fondées sur l'idée - aujourd'hui intenable - que nos comportements conscients ou inconscients sont basés sur une mécanique interne à notre cerveau qui répudie toute idée de finalité. Or dans un monde macroscopiquement indéterministe il devient impossible de se passer d'une finalité. Mais je vais faire un effort et vous répondre dans le détail:

  • AP: L’impression de ne plus contrôler son propre cerveau est peut-être le sentiment le plus angoissant qui soit. Est-ce pour cette raison que notre cerveau se donne la peine de nous rassurer, en nous donnant l’impression consciente d’être à l’origine de nos actes ?

PG: Vous avez certainement raison, c'est bien le rôle de l'ego (100% cerveau mécanique) de nous rassurer. Mais lorsqu'on parvient par la méditation par exemple, à observer l'ego (le "maître") et le mental (l'esclave), on est en droit de se demander s'il s'agit encore d'un tour de passe de notre cerveau pour nous remettre dans l'illusion de l'ego libre, ou si nous sommes enfin éveillés. Probable question de degré.

  • AP: Entre deux actions possibles, l’animal, ou l’homme, choisit spontanément celle qui le récompense le plus -dans 100% des cas-, c’est-à-dire celle qui provoque l’activation la plus forte du circuit de récompense.

PG: Pas nécessairement (pas 100%), car certaines personnes sont capables de sacrifier beaucoup, jusqu'à leur propre vie, pour rester en accord avec leur être intérieur ou âme. Où se trouve dans ce cas la récompense ?

  • AP: Comment pourrais-je être libre au sens de Descartes, de Kant et bien d’autres ?... Comment pourrais-je, au présent, vouloir autre chose que ce que je veux ou penser autre chose que ce que je pense ? La liberté suppose la négation du principe d’identité, et nie donc la possibilité d’être à un instant donné autre que ce que l’on est.

PG: Vous faites une confusion entre l'ego et l'être intérieur, ce qui est normal pour un mécaniste. L'égo n'est que le pilote automatique, il ne dispose d'aucune liberté. La liberté suppose effectivement la négation du principe d'identité de l'égo.

  • AP: L’homme peut faire ce qu’il veut, mais il ne peut vouloir décider que quelque chose de conforme à la valeur qui prédomine au moment de sa prise de décision consciente. Son libre arbitre -à ce niveau- est donc pure illusion.

PG: On est toujours ici dans une confusion entre l'ego (la machine) et l'homme. Il se peut qu'il existe des hommes exclusivement mus par leur machine, sans libre arbitre et sans âme donc, même bienveillants. Mais penser que nous sommes tous à 100% des machines est une "pure croyance" ignorante de la mécanique des systèmes dynamiques dissipatifs (oublions ici la MQ) qui nous apprend que l'homme biologique est un système indéterministe (cf Prigogine, prix Nobel) reposant le problème de la finalité. Cette finalité n'étant pas mécaniquement déterminée, on est en droit d'attribuer ce qui la détermine à un facteur non mécanique (4D).

  • AP: L’homme peut-être se trompe-t-il parce qu’il ignore certains faits ou parce qu’il raisonne faux, mais jamais il ne choisit délibérément une action sous optimale.

PG: Ceci est à nouveau une croyance fondée sur le déterminisme, aujourd'hui scientifiquement battu en brèche. Cela dit, le déterminisme lui-même n'exclue pas une action sous-optimale.

  • AP: Lorsqu’on découvre qu’une décision a en fait été déterminée par un dérèglement hormonal, une disposition génétique, une influence sociale ou culturelle, cette idée là devient même très difficile à défendre avec la prétendue idée que nous aurions la capacité de librement décider de nos actes.

PG: Ce n'est pas parce qu'il existe des déterminismes qu'on est en droit de les extrapoler à 100%, ce qui serait une erreur de logique. Prenez par exemple le déterminisme apparent que les poissons nagent sous l'eau. Faut-il en déduire que tous les poissons nagent sous l'eau ? Que faites vous des poissons volants ? Cela dit, celui qui n'a jamais vu de poissons voler est en droit de se forger la certitude que tous les poissons volent, c'est son problème. Le <<je ne crois que ce que je vois>> est l'attitude la plus irrationnelle qui soit, contraire au principe: <<Je sais que je ne sais rien>>.

  • AP: Anticiper n’est pas causer : l’anticipation est présente dans la représentation de l’action, elle constitue la référence à laquelle le résultat final sera comparé, mais elle ne le détermine pas.
PG: Dans ce cas précis, anticiper est bel est bien causer au sens où l'anticipation participe de la cause (point de double causalité là dedans).

AP: A vous lire, bien cordialement, Alessandro Pendesini

PG: Ce fût un plaisir, Philippe Guillemant

AP: P.S. Pour regarder de l’autre coté de la rue je n’utilise pas un puissant télescope, de simples lunettes me suffisent amplement…..

PG: P.S. C'est le principe du mécaniste: dès qu'il s'aperçoit qu'il voit bien (comprend bien), il ne cherche plus à mieux voir (mieux comprendre). Il pense qu'il est capable de tout voir (tout comprendre) et qu'il est inutile de voir mieux (comprendre mieux). La nuit, essayez tout de même les lunettes infrarouges.

Le dernier mot, laissé à Alessandro