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Théorie de la Double Causalité

Mécano quantique pour antique mécanique

Uné histoire vraie, vécue par Pierre Lagrange

Il est des histoires banales qui nous laissent " chaos " dans le " baillement " du statistique et du probable.

Voici…

LA FORD S'ARRETA NET !…

C'était une vieille guimbarde, le genre de véhicule que l'on donne parce qu'on n'arrive pas à s'en séparer, comme une part de nous-mêmes qui n'arrive pas à mourir…

C'était un samedi soir vers 18h30… ce moment du WE ou il ne faut justement pas que ce genre d'évènement arrive parce que c'est la dernière demi-heure où les commerçants baissent les rideaux d'une semaine trop chargée…

Dans ce moment, en temps normal, j'aurai hurlé à la fatalité, présentant confusément que la loi de l'emmerdement maximum venait de me prendre en otage. Et pour couronner le tout avec famille au complet dans la voiture…

Mais cette fois-ci, l'incident avait trop un goût de malice pour qu'il déclenche ce réflexe que je connaissais bien en moi. Il avait été mis à l'épreuve du voyage que nous venions de finir : un périple de 18 mois en voilier, en pays nordique, brassés des " caprices de la mer du nord, du pays des vikings, des fjords interminables, du putsch de 91 à Leningrad scellant définitivement la chute de l'empire soviétique.

Cette fois-ci c'était différent…

Cet arrêt soudain dans le plus grand silence avait quelque chose d'intemporel. Jusqu'ici cela s'était toujours passé dans un grand fracas de voile battante, d'écoutes cognant le roof à la volée, d'éolienne sifflante à rompre dans un tourbillon de vent, à grand renfort de bruit, de réparation d'urgence en haut du mat a essayer de descendre cette foutue grand voile avant que la vague roulante par l'arrière nous mette par le travers et nous réduise à l'état de fétu de paille.

Là c'était dans une ambiance presque feutrée…

Samedi soir, en panne, sur le bord de la route en plein arrière pays bordelais…Aussi bêtement que ça…

Je me surpris à sourire à la mauvaise plaisanterie que le sort venait de nous jouer…

Rapide diagnostic de la panne, les vis platinées dont la pièce en bakélite permettant l'écartement des contacts et donc la production d'étincelle nécessaire au fonctionnement des bougies venait de se casser…le truc qu'aucun garagiste n'a vu dans sa carrière, forcément…Irréparable sans nul doute…

Toujours sourire intérieur…Que nous prépare ce coup du hasard ?

Rapide tour d'horizon à la nuit tombante… Une fenêtre allumée, la seule du reste…Me voilà parti avec mon rupteur sonner à la porte.

Un jeune d'une vingtaine d'année ouvre et me fait entrer. Expliquant le problème, je lui demande s'il avait de la colle super glue, celle qui colle instantanément les chaussures aux plafonds, sans aucune conviction quant à la réussite. Il ne trouva que de la colle contact, colle qui nécessite d'être séchée avant d'assembler les pièces, comme cela est dit dans la notice…

Attente donc…Début de discussion sur la pluie et le beau temps puis glissement sur la vie de chacun et pour lui, ses projets professionnels. Un peu gêné il explique qu'il était dans une situation embarrassante : il ne s'était pas présenté à l'examen du bac et évoquait l' " énorme bêtise " qu'il s'apprêtait à faire. Diable ! Quelle genre de bêtise énorme peut-on envisager de faire dans une situation pareille ?

Il me révéla s'être engagé dans l'armée sur un coup de tête et, visiblement, la date de son incorporation approchant, l'inquiétude montait.

Je me mis à éclater de rire intérieurement, mais pas suffisamment pour que cela ne se remarque pas.

- Oui, vous aussi vous trouvez ça complètement débile ! me répliqua-t-il

- Absolument pas…simplement j'ai fait cette expérience il y a quelques années et si cela vous intéresse je peux vous indiquer ce qu'il faut faire et ne pas faire si vous voulez profiter au mieux de cette voie là. Je lui énumérai tout ce que j'avais pu retirer de mes quatre années d'engagé au sein de l'armée de l'air, ce qu'il fallait faire et ne pas faire, ce qu'il pouvait en espérer… Au bout de la cinquième anecdote que j'évoquais pour illustrer ma démonstration, je remarquais qu'il ne m'écoutait plus vraiment et que son regard cherchait à comprendre quelque chose…

- Il y a quelque chose que vous ne comprenez pas lui demandais-je ? Il eut un temps d'absence… "

- Non non….excusez moi.. Simplement je me disais intérieurement " alors voilà un gars qui débarque de je ne sais d'où avec son truc mécanique déglingué et il vient m'apporter la réponse à la question que je me pose depuis des mois sans avoir la moindre solution…C'est proprement invraisemblable cette situation ! Je pense même que vous êtes vous-même invraisemblable ! "

Là je ris franchement aux éclats…et lui expliquais que la vie empruntait ces genres de chemins détournés pour nous enseigner à nous même. Il fallait par contre avoir le sens de l'humour pour profiter pleinement de ses chemins de traverse…Comme le personnage avait le sens du décalé l'évocation de ces considérations ésotérico-philosophiques résonnaient en lui…

- Et vous partez quand ? lui demandai-je, histoire d'en savoir un peu plus sur le croustillant de la situation

- Après-demain !

- Effectivement il était temps !

Visiblement pour lui la question était réglée mais humour pour humour, je lui glissai sur un ton pagnolesque :

- Bien Môôssieur a sa solution, mais que moi je suis toujours en carafe, vu que la réparation à coup de colle contact relevait plus d'une galéjade qu'autre chose… "

Il rit de l'accent forcé

- Ecoutez j'ai un copain dont le père est garagiste pas loin d'ici…Il est très souvent au garage pour bricoler sa moto…On ne sait jamais, je vais appeler… Le téléphone sonna plusieurs fois avant que quelqu'un ne décroche…C'était le père…

- Salut Eric comment vas-tu ?

- Rapide présentation du problème…

- Donc cette personne a une Ford Fiesta dont le rupteur est cassé…mmm….quelle année la ford ?…1982…mmm….quel modèle le moteur ?....mmm….ne quitte pas… Du combiné posé sur l'établi on entendait les portes des casiers métalliques s'ouvrir et se fermer les uns après les autres…

- C'est un Bosch ou un Valéo l'allumeur ?...Le genre de question qui fait durer le suspens…

- Bosch je crois…

- Bon de toute façon c'est le seul qui me reste…mais dépêchez vous car je devrais déjà être parti à cette heure…

- Le problème c'est que nous n'avions aucun véhicule pour parcourir les 15 kms distants du garage.

- A ce moment là un ami à lui s'arrêta devant chez lui, au volant d'une golf GTI torturée en pseudo avion de chasse…

- Ah ben tu tombes bien ! Tu ne pourrais pas emmener cette personne au garage de mon copain pour récupérer une pièce mécanique ?

- Les 30 Kms Aller Retour furent " rapides ", pour ne pas dire instantanés…

Le garagiste ne voulu pas que je le paye trop content de se débarrasser de trucs hors d'âge et le pilote de chasse en herbe avait trouvé un bon prétexte pour tester son bolide qu'il venait juste de s'offrir.

Retour chez l'apprenti bidasse qui me donna un coup de main avec une lampe électrique, la nuit ayant fini par tomber… La Ford redémarra sans broncher, le moteur ronronnant d'une gratitude toute féline.

Les au revoir furent simples et évidents. La poignée de main et le regard échangèrent une vibration subtile, sans qu'il n'y eu rien à rajouter.

Une heure…Il s'était passé une heure montre en main entre la panne et la reprise de notre périple, le tout un samedi soir en pleine campagne bordelaise…

Tout cela était improbable et j'avais beau avoir vécu ce genre d'histoire plusieurs fois pendant le voyage, celle-ci prenait une saveur particulière non pas par le côté extra-ordinaire et improbable qu'elle relate mais bien par le fait qu'il se déroulait dans un contexte tout à fait banal, non plus hors des sentiers battus, mais dans la réalité la plus banale de notre vie " routinière "….L'évènement fit " rupture " dans mon 'appréhension de l'organisation du vivant.

Mais me direz-vous, qu'un rupteur " rupte " pour enseigner de la rupture, rien de bien anormal d'un point de vue symbolique.

Moralité : Le hasard venait de créer les conditions d'une rencontre pour que deux solutions qui n'ont rien à voir entre elles puissent se trouver.

Pierre Lagrange

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