Entretien avec un mécaniste pur et dur (fin) Le thème: Sa réponse à l'affirmation suivante: "L'authenticité de notre libre arbitre : notre liberté n'est pas une illusion, nous faisons réellement des choix dans nos vies qui ne dépendent pas que du passé". Le titre: LIBRE ARBITRE ou DETERMINISME ? (fin)
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Je laisse le dernier mot à Alessandro Pendesini (voir notre précédent échange ici): Monsieur Guillemant, concédez-moi quelques remarques : Citations: AP: Entre deux actions possibles, l’animal, ou l’homme, choisit spontanément celle qui le récompense le plus -dans 100% des cas-, c’est-à-dire celle qui provoque l’activation la plus forte du circuit de récompense. PG: Pas nécessairement (pas 100%), car certaines personnes sont capables de sacrifier beaucoup, jusqu'à leur propre vie, pour rester en accord avec leur être intérieur ou âme. Où se trouve dans ce cas la récompense ? Si l'altruisme, considéré comme un acte entièrement désintéressé e/ou gratuit, est pure utopie; le sacrifice -lui- est une absurdité ! Nous agissons (sauf dans certains cas pathologiques) toujours comme il nous est le plus agréable ! J'ajoute que la Pitié permet à celui qui l'éprouve de se trouver en situation de dominance et de placer celui qui en est l'objet en position de dépendance... «Le martyr est celui qui instrumentalise l’autre pour programmer son autodestruction ». (Bernard Chauvier) Lorsque sa morale dicte à un homme une conduite héroïque ou altruiste où il fait passer l’intérêt de la société ou d’une personne avant le sien, c’est que la valeur morale correspondante est placée avant les valeurs de son intérêt personnel. Il y a des cas où les idées délirantes poussent le sujet à supprimer ses proches pour les protéger eux aussi du malheur : homicide suivi d’un suicide, véritable acte « altruiste » dans une pensée dévastée par la dépression L’inhalation d’ocytocine (un neurotransmetteur connu pour moduler l’attachement de la mère à l’enfant), conduit des adultes à faire preuve d’une coopération et d’un « altruisme de clan » accrus. C’est l’état de bien-être éprouvé par « anticipation », qui conduit ma bonne action à s’accomplir. Le « je » sent et éprouve avant d’agir. NB Placé dans certaines circonstances extrêmes, le plus paisible des philosophes pourrait bien en venir à se comporter comme une bête fauve et, sous le vernis de l’humanisme du civilisé bien nourri, c’est aussi vrai de n’importe lequel d’entre nous. Mais aussi : le plus beau cadeau que nous puissions offrir à un être aimé n’est pas tant de l’aimer que de lui permettre de mieux s’aimer et….se réjouir de ses joies ! Citation PG: On est toujours ici dans une confusion entre l'ego (la machine) et l'homme. Il se peut qu'il existe des hommes exclusivement mus par leur machine, sans libre arbitre et sans âme donc, même bienveillants. La neuroépistémologie voit dans la physique et la biologie de l’évolution des plateformes essentielles sur lesquelles fonder ses assertions. Elle rejette donc l’idéalisme, le dualisme, le panpsychisme et toute idée de représentations mentales qui seraient sans fondement dans la structure cérébrale. Admettre que l’esprit émerge du corps nous ramène à une ontologie dualiste où la matière causerait la pensée sans que l’on puisse comprendre comment, en dehors de l’invocation d’une « survenance ». Il en est de même de la vie émergeant de la matière Citation PG: Ceci est à nouveau une croyance fondée sur le déterminisme, aujourd'hui scientifiquement battu en brèche. Cela dit, le déterminisme lui-même n'exclue pas une action sous-optimale. C'est faux : Pour ce qui concerne la "liberté d'indifférence" (ou action sous-optimale) je répond que "l'acte de dire non n'échappe pas aux déterminismes: c'est seulement une contre-détermination, qui donne l'illusion de liberté" ! Citation PG: Si les données sur lesquelles travaillent notre cerveau ne sont pas dans notre monde (4D?), où sont-elles ? Dans les dimensions supplémentaires ? certaines données peut-être (à mon sens surement), mais quand-même pas les variables biochimiques, qui me semblent très mécaniques. On dirait que vous commencez à rejoindre mes positions. Le pouvoir projectif de notre cerveau fait qu’il n’assemble pas seulement les données du monde mais qu’il "construit" le monde sensible en fonction de ses projets, clé de ses hallucinations. Nous sommes la seule espèce qui se situe simultanément dans un double monde, l’un naturel, l’autre fantasmatique. Ce que nous voyons du monde réel n’est pas le monde réel dépouillé, mais un modèle du monde réel, régulé et ajusté par les données issues de nos sens. En définitive, notre perception du monde est un fantasme qui coïncide avec la réalité…. Bien cordialement et merci ! Alessandro Pendesini P.S. :Si la « liberté » consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui, alors moi je crie haut et fort : VIVE LA LIBERTE !
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