Avis de Mr. E. J. Wuyts* sur le livre

« La Route du Temps. Théorie de la Double Causalité »

 

*Auteur du Blog sur la Synchronicité : http://yijing.experiencesynchronistique.over-blog.com/#

 

« Les plus sages sont les plus respectés ».

Platon.

 

Voilà un livre original et très intéressant lequel, ne reniant pas la spiritualité, propose une théorie scientifique originale. La démarche m’a interpellé car elle aborde ce que moi-même j’ai constaté au travers de mes propres investigations. Il aura fallu que je lise votre livre pour m’apercevoir que cette double causalité se rencontre dans ma pratique inédite relative à un nouvel usage du Yi Jing et ce, par un détour arithmétique.

Si mon expérience n’a rien de scientifique (quoiqu’elle pose des hypothèses de travail comme il en va pour la science), elle n’en révèle pas moins qu’un Principe directeur émane de notre personnalité ; Principe qui se fonde sur ce que j’ai nommé le « Paradoxe du miroir ».

 

Votre approche penche parfois vers le Tao plutôt que le Bouddhisme mais, en fait globalement, rejoint des aspects de la pensée chinoise ancienne. J’oserais même dire que, ce que conclu votre livre, est un reflet de ce que toute sagesse évoque. Vous m’apparaissez comme un homme bienveillant et de bon sens mais je dois néanmoins nuancer ce dont vous avancez sur le plan scientifique car, reconnaissons en toute humilité que, quelles que soient les conceptions matérialiste, spiritualiste, dualiste et moniste,  « Il n’y a que fous qui peuvent tout expliquer, la véritable substance du monde est inexplicable. »(Carl Gustav Jung *). Cela est d’autant plus vrai que la science quantique reconnaît la fin des certitudes.

 

Est-il, d’ailleurs, raisonnable de témoigner un matérialisme radical quand il est estimé que l’humanité n’a que trois ans sur l’échelle du temps et à peine quelques fractions de seconde sur celle de l’Univers cosmique ? La science et la technique, au développement si prodigieux soit-il, n’en sont donc qu’à leurs… balbutiements. Dès lors, toutes revendications pour le   matérialisme  restent-elles  à  relativiser.   En  outre,  on   peut  regretter  que l’essor actuel soit compensé par un effroyable manque de sagesse et d’introspection.

S’il est heureux que la science moderne tende à rejoindre des phénomènes dits acausaux et psi,  Jung espérait que les temps ne soient plus éloignés où les scientifiques se débarrasseront de ce restant de matérialisme creux et suranné. Or, force est de constater que, en dépit de la fin des certitudes, il n’en est toujours rien.

 

L’idéal serait que le physique se réconcilie avec le psychique. Les scientifiques se doivent de collaborer entre eux et ne pas tenter d’« usurper un trône » ; c’est-à-dire en déplaçant, entre autre, le psychique vers le physique jusqu’à récupérer un domaine dont ils n’ont aucune expérience. Or, il me semble que la physique quantique et les neurosciences s’emparent du psychique pour tenter d’élaborer chacune, indépendamment, leurs propres théories. Dès lors, à qui accorder du crédit ?

 

En tous cas, Jung, homme concret, avait raison de signifier que : « N’importe quel absurdité est sacrée scientifique dès qu’elle permet de muter du psychique au physique ».

 

Les questions que je me pose sont : pourquoi la science physique se distance-t-elle encore, peu ou prou, du psychique ? N’est-ce pas d’ailleurs deux aspects qui ne font qu’un (en ce que nous percevons de l’Univers tout n’y est-il pas relié) ? Pourquoi ce cloisonnement ? 

 

Comme vous le remarquez, je plaide plutôt en faveur du psychique et, plus généralement, j’incline vers les sciences humaines.

Question théories scientifiques, j’estime que si on peut y entrer, il faut également pouvoir en sortir ; à tout le moins poser des jalons et, surtout, ne pas donner l’impression au public que la science détient des vérités absolues. Certes, il y a des avancées porteuses et des approches séduisantes voire extraordinaires mais encore faut-il savoir élever son point de vue.

Ceci dit, je ne suis pas indifférent au progrès scientifique pourvu qu’y soit observé une éthique rigoureuse et ne soit le jeu d’apprentis sorciers, ce qui n’est pas toujours le cas.

 

Curieusement, il est paradoxal de constater que la science des mathématiques, éprise donc de rationnel, travaille avec des chiffres, or que ceux-ci sont irrationnels ! Quiconque serait bien incapable d’en expliquer objectivement le pourquoi alors que, paradoxalement, on en obtient des réalisations concrètes.

 

Mais, ce qui prévaut sur toute science, ce qui me parait le plus important et urgent, reste que l’homme se change en lui-même, plutôt qu’il ne s’évertue à vouloir tout changer.

Comment convaincre plusieurs milliards d’individus de se soucier de leur « MONDE INTERIEUR » jusqu’à l’assainir.

 

Ci-après, vous trouverez un petit glossaire personnel accompagné, le cas échéant, d’interrogations.

 

AME

 

L’âme est une réalité psychologique. Jung l’envisage dans l’ensemble comme triple conjonction des opposés. A la conjonction de l’esprit et de la matière, il ajoute la  conjonction du conscient et de l’INCONSCIENT (auquel vous ne faites allusion dans votre livre). Ce dernier plongeant, lui-même, à la fois dans la matière et l’esprit.

 

AMOUR

 

Sans volonté ni sagesse l’amour ne suffit pas.

 

CHAMPS MORPHIQUES

 

Voilà une théorie proposée par Rupert SHELDRAKE laquelle me parait conjointe à la synchronicité. Il serait très intéressant de s’enquérir de la théorie de ce Docteur (et auteur) en biologie.

 

DESTIN

 

D’aucuns ont l’avantage de vivre des expériences enrichissantes, d’autres des expériences tragiques. Le destin est fonction de mille circonstances ; on ne le choisi pas, il nous appelle. A nous de suivre sa progression irrésistible sans volontarisme forcené et de l’assumer avec humilité. 

 

Vous avez un destin privilégié celui, non seulement de vivre une expérience singulière mais, aussi, de posséder une pensée pénétrante, (fonction rationnelle en psychologie, d’où votre dominante est a fortiori la réflexion) et d’avoir acquis, quand bien même cela vous aurait été ardu, la position qui est la vôtre. Il y a des gens « bien-nés » et les autres…

 

En tous cas, nous avons un point commun celui de l’expérience de la synchronicité quoique sur un plan différent, car mes synchronicités n’ont pas toutes le caractère des vôtres mais elles me démontrent que nous sommes tributaire d’un déterminisme sous-jacent.

Hélas, mon travail personnel d’investigations est très ingrat d’autant car il implique une compréhension des nombres et son intrication au sein du Yi Jing. Cela ne m’empêche de poursuivre mon but, peu importe si on y prête (-ra) qu’un intérêt mineur. Je n’en suis nullement obsédé, je garde toute raison sans m’évertuer à m’expliquer le pourquoi et le comment des choses. Je constate et cela me suffit.

 

Je sais témoigner de faits hors du commun qui m’interpellent mais qui ne sont accessibles à tous, loin s’en faut.

 

DIEU

« Si tout vient de Dieu, comment le mal pourrait-il venir du bien ? »

C.G. Jung.

 

L’homme en a une déplorable représentation. Dieu n’est pas un Etre anthropomorphe : Il est une « Image primordiale », un Archétype puissant en nous. En psychologie-analytique, il est le Soi (junguien). 

 

Jadis, le Dieu des hébreux était nommé Yawhé, Il était craint autant pour Ses colères que pour Ses bienfaits. Après la crucifixion du Christ Jésus, Yawhé est devenu le « Dieu » que nous invoquons ou… blasphémons, lequel fut décrété comme infiniment bon (!). Depuis cette scission, une effroyable méprise s’est installée dans la conscience collective et l’on assiste à l’abandon du Divin en Lui attribuant tous les maux de la Terre et Son injustice alors que, seul, l’homme est responsable de ses actes. Savoir :

 

« En voulant transformer YHWH en un Dieu moral, du bien, le CHRIST avait opéré un déchirement entre les opposés qui étaient unis sans harmonie ni conscience réflexive (Luc 10.18).

Le but de la réforme chrétienne (opérée par Jésus) était d’éliminer les conséquences morales néfastes entraînées par l’exemple de l’amoralité divine (Jung) ».

 

HASARD

 Le hasard n’est que la traduction de notre ignorance.

René THOM.

Je ne crois guère au hasard déterministe. Comment peut-il en survenir une occurrence issue de rien ?

De fait, comment rien peut-il être Créateur ?

 

Quant au hasard indéterministe, je suis tenté de le définir comme une occurrence reliée à l’espace-temps, au futur peut-être, ainsi que vous l’envisagez.

 

Pour l’esprit primitif, il n’existe pas de hasard mais des INTENTIONS (terme que vous citez si judicieusement et plusieurs fois dans votre ouvrage).

 

Ainsi, je préfère exclure tout hasard et m’en tenir aux coïncidences et synchronicités.

INCONSCIENT (Non-conscient).

 

Notion trop vaste que pour être explicitée ici (lire à ce sujet : « Le vocabulaire de Carl Gustav Jung » par Aimé Agnel. Coll. Ellipses).

 

Vous n’y faite allusion dans votre livre et pourtant l’inconscient a une fonction prépondérante ; il participe à la fois de l’esprit et de la matière en y enracinant ses manifestations. 

 

Jung conçoit deux aspects de l’inconscient: l’inconscient collectif et l’inconscient individuel. Il faut bien nous habituer à la pensée que le conscient n’est pas un « ici » et l’inconscient un « là ». La psyché représente bien plutôt une totalité consciente-inconsciente.

 

Remarque : on ne peut imaginer le plus élaborer des robots possédant un inconscient. D’abord, parce que l’inconscient est une incommensurable part de l’humain et de l’humanité depuis des millénaires. Insondable, on ne peut que l’appréhender, en définir un certain contenu et un rôle par son émergence (partielle) au conscient, notamment, par le biais des rêves, d’ « associations » et lors d’un parcours, souvent long, de séances de psychanalyses.

Ensuite, dans l’ (impossible) éventualité où on réaliserait un robot doté d’un inconscient, ce ne serait pas plus un robot qu’un humanoïde ou androïde…

INTENTION

 

« S’il existe des hommes d’exception capables de sacrifier toute leur vie à une règle déterminée,

                          la plupart cependant ne sont à même de supporter à la longue une telle exclusivité. » C. G. Jung.

 

Je crois que l’INTENTION « décide » de notre devenir.

L’excellence, la QUALITE de nos intentions influence favorablement mais très progressivement  le cours de notre existence. Cependant, les résultats ne s’en perçoivent qu’à long terme, très exceptionnellement à moyen terme. Celui qui persévère dans sa tâche avec ténacité et souplesse, ne peut que s’accomplir au mieux de son destin. Encore faut-il que les intentions s’accompagnent d’attitudes, de comportements ouverts et d’une bonne connaissance de soi. Je suis convaincu que, dans ce contexte, notre devenir peut s’améliorer.

 

LIBERTE et LIBRE ARBITRE.

L’homme doit vivre avec sa propre nature.

C. G. Jung.

 

Dans votre livre, vous vous montrez, en plusieurs endroits, en faveur du libre arbitre tandis que dans votre conclusion vous le traitez d’« illusoire » ; voilà qui parait ambigu.

 

Le libre arbitre suppose la volonté. Nous sommes tributaires de nos pulsions, affects, humeur, instinct, etc. et, donc, notre libre arbitre s’en trouve relativisé. En psychologie analytique, tant freudienne que junguienne, ces facteurs psychiques démontrent bien que nous ne jouissons pas d’une liberté souveraine. Ce dont, je suis moi-même persuadé.

 

C’est une erreur fondamentale de tous les temps, d’attribuer la nécessité à l’Etre et la liberté à l’Action ; dans l’Etre seul réside la liberté.

L’homme croit être libre parce qu’il peut faire ce qu’il veut or qu’il est tributaire de ses propres facteurs psychiques et qu’il peut être soumis ou dépendant de la volonté d’un autre (et, donc, de contingences externes).

Une volonté libre serait une volonté qui ne serait déterminée par aucune raison, par un rien, puisque toute chose qui en détermine une autre est une raison ou une cause (A. SCHOPENHAUER).

 

La dissemblance effective originelle, des caractères est inconciliable avec la supposition d’un libre arbitre consistant en ce que tout homme, dans quelque position qu’il se trouve, puisse agir également de deux façons opposées.

La seule liberté dont on puisse disposer est la connaissance approfondie de soi. Les hommes sont responsables de ce qu’ils font et innocents de ce qu’ils sont (Didier RAYMOND).

 

INVOCATIONS, PRIERES (Dialogue avec l’Ange).

 

Ces « conversations » avec une entité spirituelle constituent des dialogues entre notre conscient et inconscient ; ce sont deux énergies psychiques où l’intensité de la Foi et des Intentions revêtent une grande importance.

 

 

INTENTIONS

 

Elles nous affectent dans le temps et sont une part non-négligeable de nous-mêmes. Leurs portées ne sont pas sans conséquence (favorable ou défavorable, c’est selon…).

 

MATERIALITE

 

Pouvez-vous me prouver que la pensée est matérielle ?

Mais, aussi, je m’imagine difficilement que le vent puisse l’être…

 

 STATISTISQUES

 

Ce type d’informations me déplait particulièrement car on peut leur faire dire tout et n’importe quoi, or qu’elles ne sont  qu’une moyenne idéale qui éteint toutes les exceptions vers le haut et vers le bas, les remplaçant par une donnée moyenne abstraite. Cette valeur moyenne est valable alors même qu’elle ne peut pas exister concrètement en réalité.

 

 

 

 

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* Jung (1875-1961. Psychologue-analyste suisse) était un empiriste nanti d’une solide expérience et auteur d’une œuvre colossale, véritable explorateur de l’inconscient, il est allé au-delà de la psychologie freudienne jusqu’à se séparer de Freud.