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Où mène le déterminisme

Où mène le déterminisme ?

Ce postulat sur lequel repose encore aujourd'hui toute la science, et dont la persistance incroyable devient presque suspecte. Suspecte de quoi ? Réponse sur cette page.

On peut distinguer deux façons de concevoir le déterminisme:

  • Penser que le futur est déjà tracé et que tout sentiment de liberté, sans préjudice, reste subjectif car il repose uniquement sur l'ignorance du futur,
  • Penser que le futur n'est pas tracé mais que seul le hasard pur entre en jeu pour déterminer le futur, sous la forme d'un "Dieu" qui jouerait aux dés.

Je précise que dans ce dernier cas, l'intervention d'aléas dans notre parcours de vie n'est pas plus sous notre contrôle puisque que nous continuons d'avoir un comportement déterministe face à ces aléas. Il s'agit alors de s'adapter à ce qui arrive en jouant au mieux notre partition en fonction de nos facultés, ce qui revient à adopter le même comportement que les personnes dans le premier cas. Si maintenant on élimine toute intervention divine pour la remplacer par le hasard (le Hasard devient Dieu), on ne peut pas compter sur ce Dieu aveugle et statistique pour déterminer son comportement, qui n'a donc pas lieu de différer du premier cas.

Donc pour répondre à la question <<Où mène le déterminisme ?>> sur le plan de notre comportement individuel ou collectif, je vais examiner uniquement le premier cas.

Supposons donc que je sois déterministe (ou strictement mécaniste, ce qui est identique). Je sais alors que quoi que je fasse, je vivrai exactement la même chose. Je peux alors être tenté de dire: Ah bien, dans ces conditions, demain matin je vais rester au lit au lieu d'aller travailler, puisque cela ne changera absolument rien à mon futur. Mais à la réflexion, je me dis que je risque de me faire licencier, or je ne suis pas assez bète pour tenter ce coup là, car finalement c'est surtout un leurre. En effet, si je reste au lit et que je me fais licencier, cela voudra dire qu'il était écrit d'avance, dès ma naissance, que je me ferais bètement licencier un jour, et cet évènement est donc à mettre sur le compte d'un problème génétique, le gène du crétinisme par exemple. Or comme je préfère parier que je ne suis pas un crétin, je ne vais pas faire ce choix illusoire et stupide de rester au lit.

Ceci veut dire que le déterministe reconnaît qu'il fait des choix fondés sur la raison, sur sa propre raison, mais comme personne ne connaît exactement son propre niveau d'intelligence, il laisse de la place à de l'incertitude concernant ses facultés réelles, ce qui lui permet de penser qu'il peut encore "contrôler" son avenir en faisant en quelque sorte un pari sur son passé. Faire le "bon choix" consiste alors pour lui à parier avec justesse que sa propre génétique, son propre milieu et son apprentissage de la vie le conduisent au meilleur avenir possible. Ne connaissant pas d'avance cet avenir pourtant figé, cela revient pour lui à parier là aussi que cet avenir est positif. Le déterministe doit donc sans cesse, s'il n'est pas stupide, faire le pari qu'il a tout à la fois un passé et un avenir positifs, à chaque fois qu'un choix illusoire se présente à lui.

Dans un contexte social où avoir un avenir positif dépend sans cesse de l'argent, du travail etc., le pari de notre déterministe conduit logiquement à la philosophie <<Que le meilleur gagne ! >>, puisque tout est déjà écrit.

Mais soyons optimistes, sur la base du fait que l'on peut me rétorquer que j'oublie les sentiments, l'amour etc.. Ok, mais on peut très bien poursuivre le même raisonnement en tenant compte de ces dernières valeurs et aboutir à une conclusion analogue, et même pire. Avoir des sentiments pour quelqu'un pourrait effectivement justifier que notre déterministe laisse tomber sa philosophie en prenant une direction qui, parce qu'elle est bonne pour l'autre, serait moins bonne pour lui-même, mais il faut alors que notre déterministe accepte l'idée qu'il était predestiné à vivre pour aider une personne (au moins), et qu'il se sacrifie donc pour elle. Cela revient à agir en empathie avec cette personne en considérant qu'elle fait en quelque sorte partie de lui-même. On en revient alors au raisonnement initial: <<Que le meilleur gagne>>, sauf que dans ce dernier cas le "meilleur" est un couple, ou un groupe, ou un plus grand ensemble de personnes auquel on s'identifie, une patrie par exemple. L'effet des sentiments est ainsi de nous relier à un groupe, et on peut dire la même chose concernant l'effet de l'amour ou de toute autre qualité humaine. L'amour, qui perd au passage son authenticité, sera lui aussi orienté vers une personne, un groupe ou une patrie, voire le monde entier, auquel cas nous aurions là un destin illusoirement "spirituel", car inscrit dans nos gènes ! L'amour, l'héroisme, ainsi que les meilleurs actes du monde, resteraient inscrits dans les gènes !

Etre le meilleur, qu'il s'agisse d'agir pour ses propres intérêts ou pour assumer un destin de héros ou de bienfaiteur, serait donc toujours la philosophie dominante pour un personnage doué de raison. Et l'on ne pourrait pas blamer le premier plus que le second, étant donné que les deux destins seraient déjà écrits. Dans ce cas, quid de la morale ? On ne peut même pas reprocher à un vil personnage d'avoir fait le mauvais pari, puisque ce pari lui-même était déjà son destin. L'institution de valeurs morales par une société devient donc elle-même un pari, celui de toute une société, une société qui ne connaissant pas son avenir parie sur le fait qu'elle aura le meilleur avenir possible, ce qui implique tout de même l'institution de valeurs morales permettant de conditionner tous les êtres à de "meilleurs actes", dès leur naissance.

Le déterminisme aboutit ainsi à un pari transféré au niveau social, celui d'un avenir positif de la planète qui entraine l'institution de valeurs morales agissant comme un conditionnement dès la naissance, destiné surtout aux personnes dont la génétique tend à favoriser chez eux un pari égoiste voire dangereux. La société doit alors mettre en place non seulement tous les systèmes de conditionnement nécessaires pour maintenir la morale, mais aussi le maintien d'un ordre sans lequel aucune institution ne peut fonctionner. Chaque institution devient alors elle-même un système de conditionnement qui a tendance à forcer les humains à adopter des paris de comportements favorables pour la survie de l'institution, et celà même dès qu'ils l'intègrent, car, je le répète, on ne peut attendre d'un individu qu'il modifie son destin après intégration.

Notre pari initial <<Que le meilleur gagne>> devient alors un pari de pure compétition (gagner, ou simplement lutter pour sa survie) qui se généralise au niveau sociétal et se répand dans toutes les institutions, entreprises, organismes, gouvernements, etc. Ce principe étant fondé sur le pari d'avoir un destin favorable, il conduit à mettre en place des mesures de contrôle sans lesquelles l'organisme concerné à peu de chance de gagner son pari, étant donné que tout se joue sur l'hypothèse qu'une finalité ne peut être atteinte que si l'ensemble des destins dont elle dépend est orienté d'avance par un conditionnement approprié.

Pour bien le comprendre, imaginez que vous rencontrez quelqu'un qui va changer votre vie si vous vous associez à lui. Vous vous dites: ne connaissant pas mon destin, je fais le pari que j'ai un bon destin avec lui, ou au contraire un mauvais, et faites votre choix illusoire en conséquence. Mais vous risquez de vous tromper à ce moment là, puisque tout est déterminé d'avance. Impossible de rectifier par la suite. Pensez vous que dans ce cas, un organisme composé de dizaines, de milliers ou de millions de personnes puisse se permettre de faire un tel pari sans avoir mis en place au préalable un système de conditionnement ? D'une part, chaque individu n'est pas supposé libre de modifier par lui-même son destin pour nous être favorable, et d'autre part, il est évident que cela reviendrait à jouer à la loterie, et ceci d'autant plus qu'il suffit qu'un seul destin soit très défavorable dans tout l'organisme pour le mettre en danger. Nous avons donc là tous les ingrédients d'un paradigme qui dégénère en système de contrôle massif.

Le contrôle devient ainsi, en conséquence de la nécessité de plier par avance tous les destins dans le sens parié, la philosophie dominante de la société. Rien ne peut donc plus être laissé à l'initiative du peuple, étant donné que les destins de tous les individus ne peuvent aller vers un avenir positif que si l'on additionne à leur génétique un conditionnement dès la naissance, ou dès l'entrée dans le système, qui tend à leur faire suivre un parcours positif au sens où l'entend le système lui-même.

Mais je me demande pourquoi j'ai écrit tout ça, puisqu'il est évident que le déterminisme suppose par nature un conditionnement parfait de tous les êtres, et il n'est pas difficile de comprendre que ce qui contient en soi le conditionnement génère partout le conditionnement.

Trouvez un job. Allez travailler. Mariez vous.

Faites des enfants. Suivez la mode.

Agissez normalement. Marchez dans les clous.

Regardez la télé. Obéissez aux lois.

Epargnez pour votre retraite.

Maintenant, répétez après moi:

"Je suis libre"